4e licence mobile : il reste 18 mois pour sauver 10 000 emplois.

L’ARCEP vient d’attribuer la 4e licence mobile à Free.
La réaction des opérateurs mobiles existant est déjà palpable. La délocalisation
de leurs centres d’appels s’accélère.

Pour défendre l’emploi
en France, la CFE-CGC/UNSA demande une législation interdisant les
délocalisations aux opérateurs exploitant des licences en France. Elle vient d’écrire
en ce sens au gouvernement aux parlementaires afin qu’ils présentent un projet
de Loi dans les meilleurs délais.

Les bénéfices d’une concurrence exacerbée sont illusoires

Plusieurs rapports
récents démontrent que la présence de 4 opérateurs mobiles ou plus, demandée
par la Commission Européenne
dans les grands pays d’Europe, n’est pas viable économiquement. Le récent
projet de fusion entre T-mobile et Orange en Angleterre illustre parfaitement
le phénomène, et l’idéologie de « la main invisible du marché »
montre clairement ses limites.

Contrairement aux
idées reçues, les tarifs de la téléphonie mobile en France se situent tout à
fait dans la moyenne européenne. Les comparaisons tarifaires de l’Ofcom
(régulateur des télécommunications au Royaume-Uni)  placent les tarifs français dans la moyenne
des grands pays d’Europe.

Il convient
également de noter que la baisse des tarifs qui peut accompagner l’arrivée d’un
nouvel entrant s’exerce essentiellement dans les zones à forte densité de
population. Les zones rurales, plus coûteuses à équiper, ne font jamais partie
des priorités de ces nouveaux acteurs, qui cherchent à  rentabiliser rapidement leur implantation sur
le marché.

D’ailleurs Free aura la possibilité de
demander l’accès aux réseaux des autres opérateurs dès lors que sa propre
couverture atteindra 25% du territoire (en zone dense naturellement)

Le « bénéfice
consommateur » d’une guerre des tarifs est donc loin d’être évident, et
encore moins partagé par tous.

Une hémorragie d’emplois dans le secteur au nom d’un consumérisme obscène

Entre 1998 et
2008, le secteur des télécommunications a perdu 28 000 emplois, soit près
de 1 sur 5
(156 000
emplois en 1998, un peu plus de 127 000 fin 2008). Dans le même temps, les
revenus globaux des opérateurs sur le marché final sont passés de 25 milliards
d’euros à plus de 44 milliards d’euros, soit 80 % d’augmentation en 10 ans.

Comment expliquer
cette distorsion autrement que par les effets d’une politique de délocalisation
exacerbée par politique de maximisation des profits sans contre-pouvoir ?
La courbe des pertes d’emplois accentue sa pente depuis 2004, et on peut
aisément imaginer qu’elle va continuer si la concurrence s’accentue.

Pour occulter la
question de l’emploi, de trop nombreux acteurs agitent les fantasmes
consuméristes.

Par ailleurs, il
convient une fois de plus de s’interroger sur ce que doit être la défense de
l’intérêt national. Certes l’intérêt du consommateur que nous sommes tous doit
être justement défendu. Mais la plupart de ces consommateurs sont également des
salariés.

Aucune contrainte sur l’emploi dans le cahier des charges des opérateurs

Les pertes
d’emplois s’expliquent par la délocalisation dans des pays à faible coûts de
main d’œuvre de nombreux emplois notamment de téléopérateurs (15 à 20 000
selon les experts du sujet, l’Arcep ne collectant pas cette donnée, et les
opérateurs se gardant bien de la communiquer par ailleurs). Ces téléopérateurs
jouent un rôle de plus en plus important dans les relations entre les
opérateurs et leurs clients, qu’il s’agisse de service commercial ou d’assistance.

Depuis plusieurs mois, la CFE-CGC/UNSA demande qu’une clause de localisation
des emplois en France s’applique à tous les acteurs exploitant des ressources
appartenant au patrimoine national
. M. Silicani confirme bien par ailleurs
que les fréquences hertziennes sont des ressources publiques rares.
Comment se fait-il dans ce cas qu’elles ne bénéficient pas à l’emploi
national ? Si une telle clause s’appliquait à l’ensemble des
opérateurs, il n’y aurait pas distorsion de concurrence.

 

L’opposition consommateurs / salariés apparaît de plus en plus absurde

La CFE-CGC et
l’UNSA en appelle à la responsabilité des politiques. 

Il est urgent
d’imposer que tous les emplois (et en particulier les centres d’appels
commerciaux et d’assistance technique) soient localisés en France pour
l’ensemble des acteurs qui exploitent des ressources rares appartenant au
patrimoine national.