La crise sociale à France Télécom est loin d’être terminée. En
dépit de la communication de l’entreprise, les négociations sur le stress et
les conditions de travail piétinent, ne débouchant au mieux que sur une tardive
mise en conformité des pratiques de l’entreprise avec le droit du travail. Les
personnels sont toujours dans l’attente de mesures fortes, répondant à leur
désarroi en éradiquant les méthodes managériales déficientes, dénoncées par
l’audit Technologia et les inspecteurs du travail.

Pendant ce temps, France Télécom et ses principaux dirigeants
continuent imperturbablement d’être récompensés par des prix, labels et
nominations plus incongrus les uns que les autres. Grand guignol, ou camouflet
pour les salariés qui souffrent ?

Petit rappel historique

Didier Lombard a été désigné Manager 2008 par BFM. Ses talents en la matière ont été mis
en lumière au cours de l’année 2009…

France Télécom a
reçu, en la personne
d’Olivier Barberot, le
prix des meilleurs dispositifs d’actionnariat salarié en 2008. La même
année, la CFE-CGC/UNSA et l’ADEAS (Association des Actionnaires) ont été
contraints de saisir le Conseil d’État en raison des manquements graves
constatés dans l’offre d’actions réservées au personnel lors de l’opération de
vente d’une tranche de capital de janvier 2008 : les actions des salariés sont
devenues propriété du Crédit Agricole à leur insu. La décision d’annuler ou pas
la vente des actions au bénéfice du Crédit Agricole est en cours.

En avril 2009, Ernst & Young auditait les Centres
d’Appels de France Télécom et l’ALRS (Association pour la promotion et le
développement du Label Responsabilité Sociale) attribuait à France Télécom le Label « Responsabilité Sociale »
pour ses centres de relations clients. Le 14 décembre 2009, Technologia
remettait un rapport accablant, précisant que les risques psycho-sociaux les
plus importants se trouvent dans les centres d’appels de France Télécom.

Le grand guignol continue

Le Trophée de
l’Engagement Durable vient d’être remis à Alain Gueguen, VPRH en charge
de la politique de rétribution du Groupe France Télécom-Orange, par Pierre Schereck,
directeur de la ligne métier Épargne Entreprise de Crédit Agricole Asset
Management. Rappelons que France Télécom est client du Crédit Agricole pour
l’administration du PEG (Plan Épargne Groupe). La récompense concerne
l’introduction d’un fond « équitable » dans le système de Plan de
Retraite complémentaire (PERCo). Ce fond a perdu plus de 30% de sa valeur
depuis le 1^er janvier 2008. Belle performance en effet !

Fabrice André devient président de l’Association pour la
promotion et le développement du Label Responsabilité Sociale. Créée en 2004
par deux organisations professionnelles (l’Association Française de la Relation
Client et le Syndicat Professionnel des Centres de Contacts), avec le soutien
de la Direction Générale de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (DGEFP)
et le Ministre de la cohésion sociale de l’époque, Jean Louis Borloo, cette association
n’a désormais plus aucune crédibilité. Après l’autocongratulation entre
« professionnels de la profession », elle met à sa tête un lauréat
dont les pratiques ont été sévèrement mises en cause par l’audit Technologia !
La CFE-CGC/UNSA vient d’écrire à Xavier Darcos en lui demandant de retirer la
caution du Ministère à cette association.

La CFE-CGC/UNSA est depuis longtemps critique sur
l’attribution de ces différents prix et labels, qui sous couvert de bonnes
intentions, sont la plupart du temps attribués entre pairs, ou pire, par des
prestataires à… leurs principaux clients. Ces dernières attributions démontrent
de manière criante le découplage entre ces beaux trophées et la réalité des
pratiques constatées sur le terrain, non seulement par ceux qui les vivent,
mais désormais aussi par des autorités externes réellement indépendantes.

Au-delà du ridicule qui décrédibilise l’ensemble de ce
brillant palmarès, la CFE-CGC/UNSA en appelle à la décence pour demander aux
différentes entreprises et associations professionnelles de mettre fin au
« grand guignol » des prix et des labels.

Contrairement à ce que d’aucuns aimeraient faire croire,
la crise sociale à France Télécom est loin d’être terminée, et il serait plus
sérieux de s’atteler à un réel renouveau dans le dialogue social et la prise en
compte des vrais besoins des personnels de l’entreprise.