La nouvelle Direction Générale adopte une partie des recommandations de la CFE-CGC/UNSA
Stéphane Richard et Delphine Ernotte ont présenté ce jour les
premières « orientations et mesures managériales du groupe en
France », matérialisés par 8 engagements, plus particulièrement centrés
sur les conditions de travail et la prise en compte des personnels.
La CFE-CGC/UNSA ne peut que saluer le retour au dialogue social,
qui était très dégradé depuis de nombreuses années chez France Télécom, et la
mise en œuvre de recommandations qu’elle a régulièrement formulées depuis
plusieurs mois, notamment sur la base des travaux de l’Observatoire du stress et des
mobilités forcées, qu’elle anime avec SUD depuis 2007. Une meilleure prise en compte de l’humain est
une priorité absolue. Ces engagements devront néanmoins être sous-tendus par un
projet industriel permettant de remobiliser les énergies autour d’enjeux
positifs.
La première richesse de l’entreprise, ce sont les hommes et les femmes qui
la composent
Après 5 ans de décroissance massive des
effectifs (30 000 emplois supprimés en 5 ans) France Télécom annonce un
retour à une politique de recrutement. Pour 2100, 3 500 personnes seront recrutées,
prioritairement parmi les apprentis qui sont déjà dans le Groupe France
Télécom. C’est une bonne nouvelle.
Il conviendra cependant d’aller encore plus
loin, pour mettre fin à la logique de sous-traitance, en particulier
dans les métiers en relation avec les clients, et notamment dans les Unités
d’Intervention, qui sont souvent le premier contact physique des clients avec
l’entreprise. Au-delà même d’une incarnation de la marque, de plus en plus
nécessaire dans notre société « numérique » et virtuelle, la prise en
charge du client par un salarié de l’entreprise dès le début de la relation
permet de mieux cerner les besoins des clients, et d’assurer la qualité de
service idoine, que Stéphane Richard souhaite également retrouver.
Pour que
l’entreprise ne soit pas défavorisée sur le plan concurrentiel, l’État devra
aussi prendre ses responsabilités, et interdire les délocalisations – notamment
pour les centres d’appels – à tous les opérateurs de télécommunications
desservant le territoire national. Une telle mesure permettrait en outre de
retrouver des emplois, absolument nécessaires dans le contexte de crise
économique, sans pour autant pénaliser la compétitivité des opérateurs français,
puisqu’ils seraient tous soumis aux mêmes règles.
« La mobilité sera essentiellement basée sur le volontariat »
C’est ce que promet le 3ème engagement.
C’est une très forte attente des personnels, dont beaucoup ont été soumis à des
mobilités forcées depuis au moins trois ans.
La CFE-CGC/UNSA
rappelle cependant que si elle n’a pas signé l’accord sur la mobilité, c’est parce que les négociateurs,
issus de l’ancienne Direction de l’entreprise, n’ont pas entendu le message de
Stéphane Richard, et ont refusé de le transcrire de façon claire et juridiquement fiable dans
le texte proposé à la signature des partenaires sociaux.
Mettre fin à l’hyper centralisme nécessite un retour de la confiance
Les responsables de terrain retrouveront des
marges de manœuvre pour prendre des décisions locales, notamment en matière de
recrutements, promotions, formations et congés.
L’obligation
de prendre un tel engagement laisse entrevoir, rétrospectivement, le niveau de
rigidité que l’on avait atteint dans l’entreprise. Il a malheureusement laissé
des traces. La plupart des directions territoriales ou de divisions
restent, au mieux, dans un prudent attentisme, et tardent à se saisir des
souplesses qui leurs sont d’ores et déjà accordées.
Les cadres
ont été mis entre le marteau et l’enclume, et la confiance a été perdue. Elle
sera longue à reconquérir, avec le risque que les nouvelles orientations ne
soient pas perçues comme réelles et concrètes par les personnels de
l’entreprise. Et ce d’autant plus que de nombreux membres de l’ancienne
Direction sont toujours en place, au plus haut niveau, représentant
l’entreprise aux tables de négociations, altérant la crédibilité et la sérénité
des débats.
La « construction d’un nouveau France Télécom » prendra du temps…
La CFE-CGC/UNSA est bien évidemment satisfaite
que ses recommandations aient été entendues par Stéphane Richard. La rupture
s’installe, et il faut s’en féliciter. Il faut cependant rester conscient que
le changement prendra de longs mois pour irriguer toute l’entreprise et
produire des effets sensibles sur le terrain.
… et doit s’appuyer sur un projet industriel en rupture avec la stratégie
financière du passé.
Il manque encore un
projet industriel, nécessaire pour mobiliser les énergies autour d’un objectif
qui permette de dépasser la crise sociale, et de rendre de la sérénité aux
équipes en assurant la pérennité de l’entreprise.
La CFE-CGC/UNSA
déplore en particulier que la politique
de distribution des dividendes – contraire à toutes les règles établies
du capitalisme industriel – ne soit toujours pas infléchie. Bien au contraire, dans un contexte de
récession économique et de contraction du chiffre d’affaires, les dividendes
versés au titre de l’exercice 2009 seront… supérieurs aux bénéfices (1,40 €
de dividende par action, pour 1,13 € de résultat net par action, selon les
comptes
consolidés présentés début mars) ! France Télécom se trouve ainsi, et
de loin, la plus généreuse du CAC40. Et ce alors que l’entreprise doit
s’engager, dès 2010, dans le déploiement de la fibre optique.
Une fois de plus,
nous demandons à l’État, principal actionnaire de l’entreprise, et premier
bénéficiaire de ces dividendes, de prendre toutes ses responsabilités. Il
doit laisser à la nouvelle Direction de France Télécom les marges de manœuvre dont
elle a besoin pour assurer la pérennité de l’entreprise, à une place honorable
dans le concert européen des opérateurs de télécommunications.


Communiqué de presse – Premières mesures S. Richard – 25 mars 2010 417.16 Kb



